Le rôle des aidants de patients atteints d’un cancer est aujourd’hui admis par la communauté médicale, tant durant la phase aiguë de découverte et de traitement de la maladie, que lorsque le patient est amené à retrouver un fonctionnement social et professionnel. L’objectif de notre étude était d’évaluer les conséquences sur la vie professionnelle des aidants de leur investissement actif auprès de malades atteints d’un cancer du sein.

Cette étude prospective, observationnelle, incluait des patients atteints d’un cancer du sein non métastatique qui réalisaient leur premier cycle de chimiothérapie entre février 2015 et avril 2016 au sein de l’Institut universitaire du cancer de Toulouse–Oncopole. Les patients étaient interrogés sur la situation de leur aidant. Une évaluation basée sur des questionnaires standardisés était effectuée durant le premier jour de chimiothérapie (T1), puis à 3, 6 et 12 mois (T2, T3 et T4, respectivement) après l’initiation du traitement.

Au total, 259 patients ont été inclus ; 227 patients ont déclaré avoir un aidant au moment du premier jour de leur premier cycle de chimiothérapie. D’après l’interrogation des patients, 82 % des aidants (n=160) travaillant au moment du premier cycle de chimiothérapie de la personne qu’ils accompagnaient étaient confrontés à un impact négatif de leur rôle d’aidant sur leur vie professionnelle. Les aidants participant aux activités quotidiennes des patients, évaluées par l’échelle des « Activities of Daily Living » (ADL) et « Instrumental Activities of Daily Living » (IADL), étaient significativement les plus affectés par des altérations du fonctionnement professionnel. Cette influence négative sur la vie professionnelle de l’aidant tendait à décroître au cours du temps durant les 12 mois suivant l’initiation de la chimiothérapie du patient. La gravité du cancer du sein du patient, traduite par son grade, était étroitement corrélée à l’incidence qu’avait le rôle de l’aidant, auprès du patient, sur sa propre vie professionnelle après 6 mois. Enfin, la diminution de la qualité de vie des patients évaluée 6 mois après le premier cycle de chimiothérapie par le questionnaire SF-36 était associée à un impact négatif professionnel chez l’aidant.

Notre étude révèle l’existence de difficultés professionnelles chez les aidants de patients atteints d’un cancer du sein non métastatique durant la phase active de la maladie. Étant donné la participation cruciale des aidants dans la prise en charge des patients cancéreux, et ce dans la durée, la compréhension des conséquences multidimensionnelles auxquelles sont confrontées les personnes endossant ce rôle semble essentielle afin de permettre un accompagnement optimisé et adapté.